Les techniques d’aujourd’hui : La ciselure.

Le principe est toujours le même qu’à l’Antiquité. Nous avons par contre plus de précision sur l’outillage et les étapes de cette technique.
La différence est qu’aujourd’hui la pratique de la ciselure est un métier à part entière.
Elle est définie comme « l’art de la statuaire appliquée à l’ornementation du métal ».

L’orfèvre utilise des outils en acier :
– des ciselets qui sont les ciseaux d’orfèvre avec une tête adaptée aux motifs souhaités. Ils sont frappés de façon perpendiculaire à la surface de l’objet.
– un marteau à ciseler pour taper sur les ciselets et donc produire le motif.

Les outils du ciseleur © La revue de Téhéran

Les outils du ciseleur © La revue de Téhéran

Les ciselets peuvent être classés en deux catégories :
– les ciselets clairs, comprenant les traçoirs, les profiloirs, les planoirs, les perloirs, les bouterolles, les biais, les bouges, les godronnoirs, qui servent à dessiner les motifs et à façonner le métal.
– les ciselets mats, qui présentent un grain particulier à leur surface apportant ainsi une « couleur » au métal. Ces objets sont fabriqués par le ciseleur lui-même à partir de barres en acier.
L’orfèvre utilise aussi un boulet, afin de tenir l’objet pour réaliser la ciselure. Le boulet est une demi-sphère de 2cm d’épaisseur, de taille différentes en fonction de l’objet,
L’objet est fixé sur le boulet par « un ciment » qui est un mélange de carbonate de chaux, de colophane, d’huile et de paraffine. On le chauffe dans le boulet afin de le ramollir et de lui faire prendre la forme de l’objet.

Il existe cinq grands procédés de ciselure :

la ciselure sur pièce fondue : après avoir sorti l’objet du four, le ciseleur enlève avec les impuretés produites lors de la chauffe grâce à ses outils. Il passe ensuite l’objet à l’eau forte (mélange à base d’acide nitrique) pour le nettoyer et lui donner une couleur jaune.
Puis il trace les motifs à l’aide de traçoirs ou de biais (ciselets laissant des boursouflures sur les contours, qui disparaîtront par la suite lorsque la pièce sera frottée à l’aide d’un grattoir.

la ciselure en repoussé : le ciseleur travaille avec cette technique les reliefs de l’objet. Il existe deux sortes de repoussé, le repoussé direct et le repoussé à la recingle. Le repoussé direct est utilisé pour des surfaces accessibles pour des ciselets. Le ciseleur s’occupe d’abord du traçage des motifs à l’aide de ciselets à bout ronds , jusqu’à ce que les traits apparaissent sur l’envers de l’objet. L’artisan doit s’arrêter lorsqu’il sent que les coups de marteau ont trop fragilisé le métal et doit alors faire un recuit de la pièce pour lui rendre sa ductilité.

Ciseleur au travail ©http://mcparme.free.fr/

Ciseleur au travail ©http://mcparme.free.fr/

La ciselure à la recingle est utilisée dans le cas où le ciseleur doit créer des reliefs dans une partie étroite de l’objet. Le ciseleur travaille toujours sur l’envers de l’objet. La recingle est une barre en acier formant un coude à angle droit. Une de ses extrémités est tenue dans un étau et l’autre se trouve dans l’objet au contact de la paroi de celui-ci. Lorsque le ciseleur tape sur la pièce avec son marteau, les vibrations transmises par la recingle créent de petites bosses sur le métal. La ciselure peut être utilisée ensuite pour les finitions.

le tracé matis : on reproduit sur l’objet un dessin accentué avec une pointe à tracé et des ciselets traçoirs. Un sillon se formera alors sans enlèvement de matière sur la pièce.

Technique du tracé matis ©Pierre BIAU Bronzier d'Art

Technique du tracé matis ©Pierre BIAU Bronzier d’Art

le pris sur pièce : pour cette technique l’artisan utilise des outils tranchants, le ciseau, la gouge, le burin et l’agnette, afin de créer un objet à partir d’un bloc de métal qu’il complète d’un décor ensuite.

le ramolayé : technique très utilisée en bijouterie car elle permet de produire de petits motifs. Le ciseleur utilise des ciselets. C’est une technique qui donne un aspect mat à la pièce.

On peut voir que la ciselure et le repoussé sont réunis dans une seule et même technique et que le principe de base de réalisation de celles-ci n’a pas changé depuis l’Antiquité. Les outils sont plus spécifiques en fonction des motifs souhaités mais n’ont pas évolué depuis cette période également.

La technique de la ciselure a évolué dans le sens où elle se subdivise en plusieurs catégories de réalisation.

AS.L.

Les techniques antiques : La Ciselure.

La ciselure est un décor fait de traits et de surfaces enfoncées.

Ciselure et gravure. ©http://www.teheran.ir

Ciselure et gravure. ©http://www.teheran.ir

Elle est pratiquée sur l’endroit d’un métal qui peut être sous la forme d’une feuille ou en masse. C’est une technique sans enlèvement de matière contrairement à la gravure. Dans le cas où le métal est en feuille, les motifs ciselés sont visibles en négatif sur l’envers.

C’est un travail effectué à froid sur le métal (c’est-à-dire que celui n’est pas chauffé pour le rendre plus ductile) par petits coups successifs afin que le métal évite de se fendre. Pour amortir le tracé des traits et les reliefs donnés au métal, l’orfèvre utilise un support mou qu’il enlève après avoir fini son décor.

Même si aucune indication spécifique sur l’outillage de l’orfèvre à cette époque n’a été trouvé, il devait très certainement utiliser un objet coupant qui pourrait correspondre aux ciselets utilisés actuellement par les orfèvres, et un objet lourd, comme une simple pierre, qui lui servait de « marteau » pour taper sur l’objet coupant et ainsi créer un motif.

Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle, tome II, livre XXXIII, parle de grands orfèvres ayant utilisés la technique de la ciselure non pas sur des objets en or mais plutôt en argent :

« Chose singulière, la ciselure de l’or n’a illustré personne ; celle de l’argent a illustré beaucoup d’artistes. Toutefois le plus célèbre ciseleur d’argent est Mentor ; on ne cite de lui que quatre couples de vases, et l’on dit qu’il n’existe plus aujourd’hui un seul de ces morceaux : tous ont péri dans l’incendie du temple de Diane à Éphèse ou dans celui du Capitole. Varron a écrit qu’il possédait une statue d’airain de la main de cet artiste. Les plus admirés après lui sont Acragas, Bœthus et Mys. On voit aujourd’hui des morceaux de tous ces artistes dans file de Rhodes : de

Ciselure et gravure ©http://www.teheran.ir

Ciselure et gravure ©http://www.teheran.ir

Bœthus, dans le temple de Minerve à Lindos ; d’Acragas, dans le temple de Bacchus à Rhodes même, des coupes représentant en ciselure des bacchantes et des centaures ».

 

On peut donc trouver ici une attestation de l’utilisation de cette technique dès l’Antiquité.

AS.L.