Le Martelage : les débuts du travail du métal

Avant même la maitrise de la métallurgie, certains métaux étaient déjà utilisés.

Or natif sur quartz

Or natif sur quartz © futura-sciences.com

Certains métaux précieux sont en effet présents sur Terre à l’état natif, c’est à dire présent en surface dans leur forme opérative. C’est attiré par l’aspect singulier du métal que l’homme va commencer à le travailler comme une simple roche, avec plus ou moins de résultat.

Certains métaux précieux vont rapidement être privilégiés. C’est le cas de or notamment. Leur ductilité permet en effet une malléabilité et donc la mise en forme à froid par simple martelage.

Le martelage : la technique est d’une simplicité enfantine sur le papier. Il s’agit de prendre le métal que l’on trouve donc à l’état natif et de le frapper entre deux éléments solides pour lui donner la forme voulue.

Tombe 43 de la nécropole de Varna (Musée archéologique de Varna) CC Wikipedia

Tombe 43 de la nécropole de Varna (Musée archéologique de Varna) CC Wikipedia

Les premiers témoignages de cette technique on était découvert dans la nécropole de Varna au bord de la Mer Noire en actuelle Bulgarie, dans deuxième moitié du XXe siècle.

Sur ce site, on était mis à jour les plus anciens objets d’or jamais découverts. Ils sont datés en effet entre 4 600 et 4 200 avant J.-C.

Dans ces tombes du chalcolithique reposaient 3 000 objets en or d’un poids total de 6 kg. Parmi eux, de fines petites plaques à l’effigie d’animaux montrent déjà la virtuosité des artisans de l’époque.

AS.L

Les origines de la brasure

La Brasure est une technique d’assemblage de pièces métalliques grâce à un autre métal liquide (qui a donc été chauffé préalablement) qui possède une température de fusion inférieure à celles de ces pièces. On pose le métal à l’état liquide entre les deux pièces à accrocher qui sera rechauffé lors du « collage ». Les pièces seront attachées lors du refroidissement et ne participeront pas à la fusion du fait de leur température de fusion supérieure.
Le Petit Chien pendeloque de Suse © Base Atlas

Le Petit Chien pendeloque de Suse © Base Atlas

On peut attester, selon l’entreprise Johnson Matthey & Brandenberger, de l’utilisation de la brasure dès 5000 av. J.-C. en Egypte. On peut voir l’utilisation de cette technique selon lui notamment avec les bracelets retrouvés dans le sarcophage de Toutankhamon, rubans d’or tordus pour avoir une forme arrondie et dont les extrémités ont été brasées. Selon cette entreprise, les orfèvres de l’Antiquité réussissaient cette prouesse technique grâce à la technique de la « brasure par réaction » ou « brasure par diffusion », redécouverte au XIXe s par le prêtre Johannes Schulz et au XXe s par l’anglais Henry Ambroise Pudsay Littledale.

« Ce procédé repose sur le principe selon lequel certains sels de cuivre sont réduits dans l’atmosphère chargée en monoxyde de carbone des fours à charbon de bois. Une fois cette réduction achevée, les composés du cuivre, au contact de l’or ou de l’argent, se transforment à la faveur d’une réaction chimique, en un alliage apte au brasage, c’est-à-dire en un alliage d’un point de fusion inférieur à celui de l’or ou de l’argent. »
Le Dr Jacques Piollat, dans les « Risques professionnels  des bijoutiers-joailliers » parle des peintures murales des tombes égyptiennes de Nebauin et Ipuky datant de 1380 av. J.-C. qui montrent des orfèvres au travail et l’on peut ainsi observer par quels moyens les métaux étaient fondus. L’or devant fondre à 1000°C, les artisans égyptiens soufflaient tout d’abord sur un feu grâce à des roseaux puis ils inventèrent petit à petit le four à soufflet. Selon lui, les premières brasures sont apparues du fait que l’or à l’état naturel était mélangé à d’autres métaux comme l’argent et le cuivre, et donc que lorsque celui-ci était chauffé faisait des brasures naturellement car les autres métaux fondent plus rapidement.
Le Petit Chien pendeloque de Suse © Base Atlas

Le Petit Chien pendeloque de Suse © Base Atlas

Romain Prévalet dans son mémoire de master II prend comme sujet « Les techniques de granulations en Méditerranée orientale à l’Âge du Bronze ». En étudiant cette technique, on s’intéresse forcément à la technique de la brasure. En effet la brasure est considérée comme une sous-technique de la soudure. En prenant ce sujet, Romain Prévalet a pu se rendre compte qu’il existait déjà plusieurs techniques de soudure vers la fin du IIIe et le début du IIe millénaire avant notre ère, au travers de la production d’objets en or troyens. En effet, les artisans semblaient avoir déjà le choix entre la brasure à l’alliage et la soudure avec des ions cuivreux.

Le brasage à l’alliage est définie comme tel par Mr Prévalet : « processus de liaison mécanique et chimique de deux pièces métalliques par l’ajout de métal ».
Toujours d’après ses recherches, il a pu déterminer que le brasage à l’alliage existaient en Orient depuis la seconde moitié du IVe millénaire av. J.-C.
Des bijoux sumériens et troyens montrent d’ailleurs que ce fut cette technique qui fut utilisée en première pour la granulation.
Voici la description de la technique :  » Il consiste à étaler un fondant à l’emplacement désiré puis d’y poser un mélange de colle et de paillons d’alliage et finalement de chauffer la pièce à une température voisine de 950°C, point de fusion de l’alliage soudant. Les joints créés, correspondant généralement au calibre de granules moyen ou gros, sont épais voire même empâtés.
L’avantage de cette technique est, toujours selon lui, de permettre « de souder plusieurs éléments en une unique chauffe, les paillons d’alliage ayant une température de fusion inférieure à celle des granules d’or et donc d’éviter toute déformation de chauffe ».
Cette technique a pu être déterminée par l’observation des artefacts retrouvés datant de cette période, mais comme Mr Prévalet nous le fait remarquer, on ne connait pas encore les outils qui étaient employés par les artisans-orfèvres ni même les « substances minérales ou végétales ». Cela ne sera possible qu’avec une approche pluridisciplinaire, qui n’a pas encore eu lieu.
Dans « L’art des peuples italiques : 3000 à 300 avant J.-C. », le procédé de la ‘brasure douce’ existerait depuis le VIe s av. J.-C. chez les Étrusques, venant des échanges commerciaux avec les grecs. « Il s’agit d’une soudure à l’étain ou au plomb. Ce procédé présente des avantages de facilité puisqu’il s’exécute à une température basse (200-300°C). La jonction se fait par un interface qui se forme entre l’alliage de brasure étain/plomb et le bronze ».
Dans son article « Bagues et anneaux à l’époque romaine en Gaule », Hélène Guiraud, indique que les artisans utilisaient la brasure afin de réaliser les jonctions de tous les bijoux, en partant d’un échantillon de plus de 3000 pièces datant de cette époque.
AS.L

Les débuts du filigrane

Le filigrane – de l’italien filigrana « fil à grains » – est un ouvrage fait de fils de métal, entrelacés et soudés sur une même pièce de métal (d’après le Petit Robert, éd. 1992).
Cette technique a la particularité de n’utiliser que le métal pur, l’or et l’argent en particulier, car du fait de leur faible température de fusion et de leur élasticité quand ils sont chauffés, un simple gramme suffit pour obtenir plusieurs mètres de fil, le but étant d’obtenir des fils métalliques très fins.
Ce serait les sumériens qui inventèrent les premiers les techniques du filigrane et de la granulation. Les Sumériens sont un peuple vivant en Mésopotamie (au niveau de l’actuelle Irak) entre le IVe et le IIIe s av. J.-C. ! En effet c’est à l’époque de Sumer que l’attrait pour l’or se fait plus grand et que la production d’objets en or augmente comme on peut le voir avec les fouilles des tombes royales d’Ur. L’emploi de la technique du filigrane se retrouve dans de nombreux bijoux, notamment, mais aussi dans d’autres objets (casques, poignards, statuettes…).
L’article « Technological study of gold jewellery pieces dating from the Middle Kingdom to the New Kingdom in Egypt » disponible sur CAIRN (lien visible dans la webographie) montre une étude technologique pluri-disciplinaire sur des artefacts d’orfèvrerie égyptien datant du Moyen Empire au Nouvel Empire (IIIe-IIe millénaire avant notre ère) présents au Musée national d’Écosse (National Museums Scotland). On peut observer sur les bagues d’Armana la technique du filigrane : on peut observer un fil enroulé autour des anneaux. Ceci est considéré comme une forme de filigrane. Les auteurs rapportent le fait que ce type de technique peut se voir dès la fin du Ve millénaire en Egypte, sur des bagues faites de petits fils perlés, et de petits fils en cuivre ou en argent qui ferment la bague en étant torsadés.
On peut voir cette technique sur des bagues de la même époque conservées au British Museum et sur des colliers provenant des tombes des femmes de Thutmose III.
Les chercheurs concluent par le fait que la technique du filigrane et de la granulation étaient possibles à cette époque du fait de l’utilisation d’une soudure forte et c’est justement en observant simplement ces jointures que l’on peut voir en négatif l’utilisation d’une technique où l’on tordait les fils métalliques donc la technique du filigrane.
Romain Prévalet dans son articles « Preliminary observation on three Late Bronze Age gold items from Ras Shamra-Ugarit (Syria) » publié dans Archéosciences, s’intéresse quant à lui à des artefacts d’orfèvrerie du Proche-Orient datant de l’Âge de Bronze (2e moitié du IIe millénaire av. J.-C.) afin de déterminer les caractéristiques techniques des technique du filigrane et de la granulation.
En étudiant trois objets provenant du Musée de Damas (une paire de boucles d’oreilles, et deux colliers), on peut voir l’utilisation du filigrane mais pas pour la décoration des bijoux mais plutôt pour les attaches ou le renforcement de ces derniers.
Romain Prévalet pense que la technique utilisée est le « block-twisting » : on tord plusieurs portions de fils métalliques afin de former une sorte de multi-spirale, qu’on lisse ensuite. On pourrait comparer cela à un fil de laine composé de plusieurs filaments de laine.
Le Pendentif à tête d'Achéloos est un parfait exemple de ce savoir faire Petit pendentif de seulement 4 cm de diamètre. © Base Atlas

Le Pendentif à tête d’Achéloos est un parfait exemple de ce savoir faire
Petit pendentif de seulement 4 cm de diamètre. © Base Atlas

Dans le livre « Les sciences du patrimoine : identifier, conserver, restaurer », il est intéressant de lire le chapitre sur l’authenticité car l’auteur prend comme exemple un pendentif étrusque dit « pendentif à tête barbue de Silène » et une copie datant du XIXe s de l’orfèvre italien Fortunato Castellani. Bref, ce qui nous intéresse dans ce passage est une simple phrase indiquant que dans l’Antiquité, l’usage de la lime n’était pas encore courant. On ne sait donc pas quels étaient réellement les outils que l’orfèvre utilisait pour cette technique.

Pour aller plus loin :
– un blog écrit également par des étudiants de Paris 1 Panthéon-Sorbonne sur les tombes royales d’Ur : https://lesziggourats.wordpress.com/2010/05/21/la-metallurgie-et-lorfevrerie-a-ur/
– le catalogue de l’exposition « L’or grec » du Musée de l’Ermitage d’Amsterdam.
AS.L

Les débuts de la Granulation

La technique de la granulation consiste à réunir sans brasure de minuscules granules d’or sur une surface à décorer.

Le Pendentif à tête d'Achéloos est un parfait exemple de ce savoir faire Petit pendentif de seulement 4 cm de diamètre. © Base Atlas

Le Pendentif à tête d’Achéloos est un parfait exemple de ce savoir faire
Petit pendentif de seulement 4 cm de diamètre. © Base Atlas

Les maitres en la matière sont incontestablement les étrusques. En Etrurie, c’est dès le milieu du VIIe siècle, soit au début de la période orientalisante que l’on observe les plus belles pièces réalisées avec cette technique.

Inspiré des œuvres des artisans du Proche-Orient, les orfèvres étrusques perfectionnent la technique réalisant des billes d’or parfaitement sphériques et identiques de parfois seulement deux dixièmes de millimètres : un vrai « travail d’orfèvre » !

Aujourd’hui, encore la granulation étrusque reste une des plus grandes énigmes de l’histoire : ainsi si l’on sait avec nos techniques modernes réaliser de si petits granules, les archéologues ignorent toujours comme 27 siècles avant notre ère des hommes sont arrivés à une telle perfection.

AS.L

Le Repoussé

Le repoussé est une technique de mise en forme et une technique de décoration sur une feuille de métal. Pour avoir une meilleure prise sur l’objet, l’orfèvre le fixait  sur un support de cire.

On obtient un relief sur le métal en le repoussant directement de l’envers sur l’endroit. On complète ensuite le décor avec la technique de la ciselure.
Contrairement à la technique de la ciselure, on ne peut pas voir les motifs sur l’envers de la feuille de métal.

 

La fouille d’un atelier d’orfèvrerie sur les territoires des Gètes en Bulgarie du Nord, datant des Ve-IV e s av. J.-C.,  nous indique l’outillage utilisé pour la technique du repoussé. En effet des poinçons de bronze, avec différentes extrémités figurant une tête féminine ou une tête de lion par exemple, ont été trouvés. Ils servaient à la fabrication du motif souhaité.

Bijoux, outils et céramique de la tombe n° 115 du cimetière du quartier de Manchester à Charleville-Mézières (vers 500). Musée de l'Ardenne, Charleville-Mézières. Photo Carl Gustin.

Bijoux, outils et céramique de la tombe n° 115 du cimetière
du quartier de Manchester à Charleville-Mézières (vers 500).
Musée de l’Ardenne, Charleville-Mézières.
Photo Carl Gustin.

 

Les fouilles de l’ancien site de Troie par Heinrich Schliemann en 1871 sur la colline d’Hissarlik en Turquie ont permis la découverte de nombreux objets de la haute Antiquité, notamment plusieurs objets en or. De nombreux objets, possédant une ornementation en spirale, nous montre l’utilisation de la technique du repoussé à l’Antiquité.

 

 

 

N.K.

Les techniques antiques : Le Nielle.

C’est une technique produisant un décor en incrustant une matière de couleur noire ou bleutée, le nielle, dans des traits gravés dans un métal clair (argent ou or le plus fréquemment). Le nielle peut aussi être appliqué sur des surfaces lisses.

Dague en bronze, or, argent et nielle, découverte dans la tombe A de Mycène, 1600-1100 av. J.-C., Musée archéologique d'Athènes. Photo by Stephen Zucker.

Dague en bronze, or, argent et nielle, découverte dans la tombe A de Mycène, 1600-1100 av. J.-C., Musée archéologique d’Athènes. Photo by Stephen Zucker.

Le nielle est composé de sulfures métalliques dont la composition varie selon les époques, et détermine son mode d’application.
Les grains de nielle peuvent être plus ou moins fins.

Il faut déposer le nielle dans les sillons de l’objet de façon uniforme pour éviter que des défauts apparaissent sur l’objet. La surface de l’objet est ensuite lissée et enduite de borax, puis séchée et chauffée jusqu’à la fusion aux environs de 400 °C.
La première recette connue est donnée par Pline l’Ancien, au Ier s de notre ère,  dans son Histoire Naturelle : « On mélange à l’argent un tiers de cuivre de Chypre en copeaux très fins, et autant de soufre vif que d’argent; on fait fondre le tout dans un récipient de terre luté avec de l’argile; la cuisson doit continuer jusqu’à ce que le couvercle s’ouvre de lui-même. »

On peut lire également dans le « Papyrus de Leyde » datant du IIIe s de notre ère, rédigé en grec, la recette d’une substance noire qui semble être celle du nielle et qui contient du cuivre, de l’étain, du plomb et du soufre.
Au III e s, la « Mappae Clavicula » fournit 6 recettes pour fabriquer le nielle, qui sont toutes à base de sulfures. Trois d’entre elles concernent un nielle à appliquer sur une surface, et les trois autres un nielle à incruster.

Dague en bronze, or et nielle, découverte dans la tombe A de Mycène, 1600-1100 av. J.-C., Musée archéologique d'Athènes. Photo by Stephen Zucker.

Dague en bronze, or et nielle, découverte dans la tombe A de Mycène, 1600-1100 av. J.-C., Musée archéologique d’Athènes. Photo by Stephen Zucker.

Nous pouvons voir grâce à une étude géologique sur le site minier d’Alburnus Maior en Roumanie (actuellement Rosia Montanà) que cette technique existait effectivement à l’Antiquité. Grâce à l’archéologie minière, les chercheurs ont prouvé la présence de différents minerais qui étaient utilisés à l’époque romaine, notamment des restes d’électrum, de minéraux d’argent et de différents sulfures.

N.K.

Les techniques antiques : La Gravure

La gravure est une technique de décoration réalisée avec un objet coupant qui produit un enlèvement de métal en réalisant des traits ou des surfaces en creux. C’est justement cet enlèvement de matière qui distingue cette technique de la ciselure ainsi que les motifs plus droits du fait des outils utilisés.

 

La technique suppose l’utilisation par les Anciens d’un outil coupant et d’une masse pour taper dessus et créer ainsi le motif.

Un des exemples les plus anciens de cette technique est le manche en or d’un poignard égyptien, datant environ de 3370 av. J.-C., au Musée égyptien du Caire, n°inv JE34210.

 

La fouille d’une sépulture royale scythe datant du VIIe s av. J.-C. , dans la République de Touva en Sibérie en 2002-2003, a permi l’étude des techniques de fabrication sur les objets d’orfèvrerie du fait du nombre important d’objets en or découverts.

Ornements en tôle plane, avec des contours découpés, décoration gravée et ajourée provenant d'une tombe princière scythe, VIIe s av. J.-C., République de Touva ©http://archeosciences.revues.org/2193

Ornements en tôle plane, avec des contours découpés, décoration gravée et ajourée provenant d’une tombe princière scythe, VIIe s av. J.-C., République de Touva ©http://archeosciences.revues.org/2193

Cette étude a prouvé, à partir des traces laissés par les outils sur les objets, l’utilisation de la technique de la gravure pour compléter des motifs en reliefs. Cette technique était la moins difficile à réaliser. Les chercheurs confirment d’après leurs observations que la gravure est une technique de coupe qui, à cette époque, nécessite des outils en acier trempé pour enlever les copeaux métalliques et créer ainsi le motif.

N.K.

Les techniques antiques : La Damasquinure ou Damasquinage.

Ces deux termes sont des appellations apparaissant au XVII e siècle. Auparavant cette technique s’appelait « barbaricarius« .

C’est une technique produisant des effets décoratifs par contrastes de couleurs des différents métaux choisis. Ces effets sont obtenus en incrustant par martelage des fils, des petites plaques ou des feuilles de métal, dans un fond de métal différent, sur lequel des sillons et des surfaces ont été gravé au préalable.

Le métal servant de fond peut être du fer, de l’acier, du cuivre et plus rarement de l’or ou de l’argent.
De l’autre côté les incrustations sont le plus souvent en argent ou en or, en cuivre ou en laiton.

L’un des premiers exemples connus de cette technique est une hache cérémonielle du roi Amosis d’Egypte (Nouvel Empire, XVIIIe dynastie), datant du IIe millénaire av.JC., en cuivre, or et électrum, se trouvant au Musée égyptien du Caire, n°inv JE 4673.

Hache cérémonielle du roi Ahmosis©insecula.com

Hache cérémonielle du roi Ahmosis©insecula.com

Dans les fouilles du site de Touva en Sibérie (dont nous parlons dans l’article « gravure antique »), on trouve également un exemple nous montrant l’utilisation de cette technique dès le VII e s av. J.-C.. Sur des armes en fer de la tombe Arjan 2, on peut voir des incrustations d’or et de fer.

N.K.

Les techniques antiques : Le cloisonné.

Le cloisonné est une technique formant un décor composé de « cloisons » à partir de rubans métalliques  fixés sur un fond du même métal.

L’ orfèvrerie cloisonnée s’applique aussi pour les décors de pierres ou d’émaux montées dans des cloisons de métal formant des bâtes.

Pendentif, rapace tête de bélier, Nouvel Empire (v. 1550-1069 av. J.-C.©Musée du Louvre/C. Décamps

Pendentif, rapace tête de bélier, Nouvel Empire (v. 1550-1069 av. J.-C.©Musée du Louvre/C. Décamps

Des ouvrages en cloisonné sont connus en Egypte dès le début du IIe millénaire av. JC. Les cloisons proviennent soit de l’inclusion de bandes métalliques dans de la pâte de verre amollie soit en découpant et en assemblant entre elles par soudure de fines bandes de métal. Les

Bague aux chevaux, Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.)©Musée du Louvre/C.Décamps

Bague aux chevaux, Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.)©Musée du Louvre/C.Décamps

alvéoles ainsi déterminées enserrent des pierres fines ou des pâtes de verre découpées aux dimensions adéquates et maintenues par une sorte de ciment tapissant le fond des alvéoles.
On observe surtout l’application de cette technique en corrélation avec celle de l’émaillage. L’émaillage se fait après avoir préalablement fait un cloisonnage. On introduit dans chaque alvélole cloisonnée une poudre d’émaux. Puis on chauffe l’objet dans un four ou un foyer de cuisson pour faire adhérer l’émail à la cloison de métal. Lorsque l’objet est terminé, on observe les cloisons métalliques que sous la forme d’étroites bandes de métal.

 

L’émail cloisonné est apparu en Orient durant l’Antiquité mais est utilisé très rarement ce qui fait que l’on ne peut déterminer précisément les différentes étapes techniques avant le Moyen-Âge.

 

Les orfèvres appliquaient probablement l’émail en mouillant l’objet dans une pâte liquide afin de remplir les motifs cloisonnés. On peut retrouver la pratique de l’émail dans l’art grec, scythe, étrusque mais surtout en Russie dans les régions caucasiennes.

Coche de la Ferté dans son ouvrage Les bijoux antiques, écrit en 1956, pense que la cloisonné est issu de la technique du filigrané et qu’il serait apparu à partir d’un procédé alexandrin qui consistait en la découpe d’une forme métallique dans une pièce de verre en fusion. Les romains seraient à l’origine de l’apparition de cette technique en Occident du fait des nombreux échanges avec l’Orient.

N.K.

Les techniques antiques : La Ciselure.

La ciselure est un décor fait de traits et de surfaces enfoncées.

Ciselure et gravure. ©http://www.teheran.ir

Ciselure et gravure. ©http://www.teheran.ir

Elle est pratiquée sur l’endroit d’un métal qui peut être sous la forme d’une feuille ou en masse. C’est une technique sans enlèvement de matière contrairement à la gravure. Dans le cas où le métal est en feuille, les motifs ciselés sont visibles en négatif sur l’envers.

C’est un travail effectué à froid sur le métal (c’est-à-dire que celui n’est pas chauffé pour le rendre plus ductile) par petits coups successifs afin que le métal évite de se fendre. Pour amortir le tracé des traits et les reliefs donnés au métal, l’orfèvre utilise un support mou qu’il enlève après avoir fini son décor.

Même si aucune indication spécifique sur l’outillage de l’orfèvre à cette époque n’a été trouvé, il devait très certainement utiliser un objet coupant qui pourrait correspondre aux ciselets utilisés actuellement par les orfèvres, et un objet lourd, comme une simple pierre, qui lui servait de « marteau » pour taper sur l’objet coupant et ainsi créer un motif.

Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle, tome II, livre XXXIII, parle de grands orfèvres ayant utilisés la technique de la ciselure non pas sur des objets en or mais plutôt en argent :

« Chose singulière, la ciselure de l’or n’a illustré personne ; celle de l’argent a illustré beaucoup d’artistes. Toutefois le plus célèbre ciseleur d’argent est Mentor ; on ne cite de lui que quatre couples de vases, et l’on dit qu’il n’existe plus aujourd’hui un seul de ces morceaux : tous ont péri dans l’incendie du temple de Diane à Éphèse ou dans celui du Capitole. Varron a écrit qu’il possédait une statue d’airain de la main de cet artiste. Les plus admirés après lui sont Acragas, Bœthus et Mys. On voit aujourd’hui des morceaux de tous ces artistes dans file de Rhodes : de

Ciselure et gravure ©http://www.teheran.ir

Ciselure et gravure ©http://www.teheran.ir

Bœthus, dans le temple de Minerve à Lindos ; d’Acragas, dans le temple de Bacchus à Rhodes même, des coupes représentant en ciselure des bacchantes et des centaures ».

 

On peut donc trouver ici une attestation de l’utilisation de cette technique dès l’Antiquité.

AS.L.