Les techniques d’aujourd’hui : la gravure.

Aujourd’hui la gravure porte le nom de « taille-douce » : c’est une technique de gravure en creux sur la plaque métallique.

Elle peut se réaliser de deux manières différentes :

  • – La gravure au burin
  • – La gravure à l’eau-forte

La première technique se fait grâce au burin, pointe en acier qui peut être carrée, rectangulaire ou

Outils du graveur ©http://lyeuxcommuns.ek.la/

Outils du graveur ©http://lyeuxcommuns.ek.la/

en losange. C’est l’extrémité de cette pointe qui trace la taille (c’est-à-dire l’enlèvement de métal sur la plaque), qui sera nette et sans « bourrelets » comme dans la technique moderne de la ciselure. La taille peut être profonde comme elle peut ne pas l’être. Cette technique n’est utilisée pas seulement par les orfèvres mais aussi par nombre d’artistes, comme Albrecht Dürer pour n’en citer qu’un, dès le XVIe s.

La seconde technique est une gravure ‘indirecte’ qui se réalise par l’intermédiaire d’un acide, qui à l’origine se trouvait être de l’acide nitrique, qui va « mordre » la plaque métallique. L’acide nitrique étant trop toxique, on le remplace aujourd’hui par exemple, par du perchlorure de fer.

Cette technique apparait chez les orfèvres arabes, qui l’introduiront en Occident par l’Espagne et elle verra son essor avec l’invention de l’imprimerie au XVe s.

Cette technique se divise elle-même en plusieurs sous-techniques : l’aquatinte ou la gravure au lavis. Ce sont des techniques qui permettent l’obtention d’une image sur la plaque de métal par l’action de l’acide qui va creuser des sillons. Au préalable, la plaque doit être recouverte d’un vernis à graver sur lequel on réalise le décor souhaité à l’aide d’une pointe. Puis la plaque est trempée dans un bain d’acide qui va attaquer les zones de sillons, qui ne sont plus protégées par le vernis.

 Jean Cencig, Rivière boréale, 2006, eau-forte et aquatinte, 6" x 8"©http://www.aquafortistes.com/


Jean Cencig, Rivière boréale, 2006, eau-forte et aquatinte, 6″ x 8″©http://www.aquafortistes.com/

Voici une vidéo qui montre et explique plus en détails ce procédé :

 

On observe que la gravure au burin est probablement la même technique que celle utilisée à l’Antiquité mais que la technique a su également se moderniser par l’utilisation d’éléments chimiques.

N.K.

Les techniques d’aujourd’hui : le niellage.

La technique du niellage n’est plus vraiment pratiquée depuis l’apparition de l’aquatinte.

En effet, on peut déjà lire dans le 19e tome de la Revue de Paris, de 1835, que la niellure n’est plus en usage depuis les dernières tentatives de Benvenuto Cellini pour créer des objets d’orfèvrerie niellés, du fait de la grande complexité du procédé et du faible taux de réussite lors de la production de ces objets. La revue nous parle alors de deux orfèvres Mr Mention et Mr Wagner qui au XIXe s remettent au goût du jour l’art de nieller en reprenant les procédés de niellage russes, que Charles Wagner a appris à réaliser par son apprentissage dans l’atelier de l’orfèvre P.W.Beuth.

Beuth utilise la recette qu’un certain moine Théophile utilisait et l’explicite dans un article qu’il écrit en 1826, « Sur le nielle et l’art de le préparer » : ‘Le niel, d’après cet auteur, doit être formé de 6 parties d’argent pur, 1 partie de cuivre, 7 de plomb, et une quantité de soufre en poudre indéterminée. On fond ces matières ensemble dans un creuset ; puis on réduit la masse en poudre, on la lave avec de l’eau, et on la convertit en pâte avec un peu d’eau gommée, puis on l’introduit dans les gravures faites sur les pièces que l’on veut nieller. Après cette opération, on fait sécher les pièces et on les expose, en préservant le niel du contact du charbon, à une chaleur rouge, qui identifie le niel avec l’argent. Les pièces ainsi préparées peuvent ensuite recevoir le poli, et présentent, sur un fond blanc, des incrustations noires, qui produisent un très bel effet’.

Les deux orfèvres vont alors, en 1829, perfectionner et mécaniser le procédé de niellage dont voici le brevet : ‘On met d’abord le soufre dans une retorte ou vase à col long, afin que le feu n’y prenne pas ; on doit ensuite éviter d’en faire une pâte ; car elle ferait jaillir les métaux, et empêcherait

l’amalgame ; on met l’argent et le cuivre dans un creuset ; lorsque ces métaux sont fondus, on y ajoute le plomb, et on verse le tout dans la retorte où est le soufre, qu’on a soin de boucher hermétiquement pour éviter que le soufre ne s’enflamme. Avant que ces matières ne soientcalcinées, on y ajoute le borax, afin d’épurer, adoucir le mélange et de laisser achever la calcination, ce dont on s’aperçoit lorsqu’il n’y a plus de flamme ni de fumée au col de la retorte ; on verse alors le tout dans un vase de fer. Cet alliage(…)  est assez dur pour être poli comme de l’argent ou de l’or, et assez souple pour ne pas s’écailler.(…) Lorsque la plaque de métal est convenablement préparée, on applique la nielle sur la pièce avec une spatule ; la gomme arabique qu’on a à y ajouter en dernier lieu la fixe sans frottements ; cette pièce ainsi recouverte de nielle, se met sous un moufle dans un four à émailler, et elle y reste jusqu’au moment où on s’aperçoit que la nielle est fondue, ce qui arrive avant que la pièce soit rouge ; alors on la retire du four, et si la nielle est fondue claire et sans aucune soufflure, on procède au polissage de la pièce, par les moyens et procédés employés pour polir l’argent.’

Bassin, MM. Mention et Wagner, v.1835, argent doré, nielle, grenat et émail, Musée du Louvre ©insecula.com

Bassin, MM. Mention et Wagner, v.1835, argent doré, nielle, grenat et émail, Musée du Louvre ©insecula.com

 

On peut donc voir que la technique du niellage s’est perfectionnée mais que le principe n’a pas fondamentalement changé. En effet, les quantités de métaux à utiliser sont plus précises afin de favoriser la production en chaîne d’objets niellés et de réduire les ratés.

Malgré tout, on préfère utiliser les procédés de gravure en taille douce qui sont plus rentables et plus simples à réaliser.

 

N.K.