Le Martelage aujourd’hui

Aujourd’hui la technique du martelage n’a pas changé. Certes les outils se sont standardisés, mais le principe reste inchangé.

Les outils nécessaires sont simples : un marteau et un support

Marteau et enclume © L Forge Brutaldeluxe

Marteau et enclume © La Forge Brutaldeluxe

Il existe une très grande variabilité de tailles de marteau que l’on choisiera en fonction de la finesse de l’objet à travailler. Le support, contrepartie est une enclume appelée tas ou bigorne.

L’orfèvre va partir de la forme standard de lingot et le travailler en le frappant jusqu’à obtenir une feuille circulaire appelée le flan. Une fois cette feuille obtenue, l’artisant va lui donner une forme de gobelet. C’est à partir de cette forme élémentaire que va naitre le volume définitif de l’objet fini.

Durant toute cette opération un point est primordial : conserver la même épaisseur pour que la résistance soit constante sur l’ensemble des points de l’ouvrage.

Suite au martelage, le métal est écroui c’est à dire qu’il est devenu cassant. Pour palier à ce problème physique, l’objet fini sera chauffé puis lentement refroidi. Pour atténuer les traces laissées par le martelage, la pièce sera polie.

AS.L

Le Martelage : les débuts du travail du métal

Avant même la maitrise de la métallurgie, certains métaux étaient déjà utilisés.

Or natif sur quartz

Or natif sur quartz © futura-sciences.com

Certains métaux précieux sont en effet présents sur Terre à l’état natif, c’est à dire présent en surface dans leur forme opérative. C’est attiré par l’aspect singulier du métal que l’homme va commencer à le travailler comme une simple roche, avec plus ou moins de résultat.

Certains métaux précieux vont rapidement être privilégiés. C’est le cas de or notamment. Leur ductilité permet en effet une malléabilité et donc la mise en forme à froid par simple martelage.

Le martelage : la technique est d’une simplicité enfantine sur le papier. Il s’agit de prendre le métal que l’on trouve donc à l’état natif et de le frapper entre deux éléments solides pour lui donner la forme voulue.

Tombe 43 de la nécropole de Varna (Musée archéologique de Varna) CC Wikipedia

Tombe 43 de la nécropole de Varna (Musée archéologique de Varna) CC Wikipedia

Les premiers témoignages de cette technique on était découvert dans la nécropole de Varna au bord de la Mer Noire en actuelle Bulgarie, dans deuxième moitié du XXe siècle.

Sur ce site, on était mis à jour les plus anciens objets d’or jamais découverts. Ils sont datés en effet entre 4 600 et 4 200 avant J.-C.

Dans ces tombes du chalcolithique reposaient 3 000 objets en or d’un poids total de 6 kg. Parmi eux, de fines petites plaques à l’effigie d’animaux montrent déjà la virtuosité des artisans de l’époque.

AS.L

Les techniques d’aujourd’hui : le cloisonné.

On peut continuer à suivre, aujourd’hui, la technique du cloisonné au travers de la technique de l’émail cloisonné. Elle est toujours utilisée pour fabriquer notamment des vases chinois ou encore en horlogerie.

Un émailleur part d’une image à l’échelle de l’objet qu’il souhaite réaliser, qui peut être soit dessiner sur un papier soit directement sur l’objet. Il fixe ainsi la taille des cloisons.

Le fond des cloisons peut être fait de n’importe quel métal (or, cuivre, argent,…).

Il va ensuite pincer les fils métalliques pour leur donner les formes indiquées sur le dessin.

Pliage d'un fil métallique ©http://piaget.watchprosite.com/

Pliage d’un fil métallique ©http://piaget.watchprosite.com/

Ces derniers seront visibles au travers des émaux. C’est une opération qui prend beaucoup de temps car les fils sont fragiles et les formes parfois compliquées. Ils peuvent parfois être laminés, martelés ou étirés en fonction de l’esthétique voulue.

Si l’émailleur n’a pas réalisé directement le dessin sur l’objet, il va alors devoir le graver afin de faciliter la pose des fils métalliques, ce qu’il réalisera donc avec des burins ou des échoppes (comme pour la technique de la gravure). Les fils seront alors positionnés sur l’objet et fixés sur l’objet avec une colle spéciale (gomme adragante), qui après cuisson ne sera plus visible, ou par soudure (cette dernière permettant une fixation pérenne).

Après avoir posé les cloisons, l’émailleur les remplit avec les différents émaux qu’il souhaite utiliser.

Pose des cloisons ©http://arts.cultural-china.com/

Pose des cloisons ©http://arts.cultural-china.com/

Pour finir, l’objet passe 6 à 7 fois dans un four afin de cuire les émaux et de les faire fusionner avec le cloisonnage. L’émailleur se doit d’ailleurs de connaître impérativement tous les matériaux qu’il utilise pour son objet afin de respecter les températures de fusion de ces derniers. En général, le four a une température de 800 °C qui peut plus ou moins varier en fonction des matériaux utilisés.

Une autre technique de cloisonné peut être utilisée : celle du cloisonné dit « à jours » ou « plique à jour ». C’est une technique qui apporte des effets de transparence aux émaux car il n’y a pas de fond métallique liant les cloisons. En effet, l’émailleur ferme chaque alvéoles cloisonnées par une fine feuille de cuivre ou d’argent qu’il colle sur celles-ci. Cette feuille métallique est par la suite dissoute par des acides et élimine donc un possible fond métallique pour les alvéoles.

Voici le lien d’une vidéo qui montre comment réaliser un émail cloisonné du début à la fin :

Dans cette vidéo on peut voir clairement le four qui est utilisé pour faire cuire les émaux cloisonnés et quelques explications sur la technique :

Cette dernière vidéo semble être la meilleure du fait de ces explications étapes par étapes et du fait que chaque étape est précisément filmée et montre bien les outils et gestes de l’émailleur :

NK

Les techniques antiques : La Damasquinure ou Damasquinage.

Ces deux termes sont des appellations apparaissant au XVII e siècle. Auparavant cette technique s’appelait « barbaricarius« .

C’est une technique produisant des effets décoratifs par contrastes de couleurs des différents métaux choisis. Ces effets sont obtenus en incrustant par martelage des fils, des petites plaques ou des feuilles de métal, dans un fond de métal différent, sur lequel des sillons et des surfaces ont été gravé au préalable.

Le métal servant de fond peut être du fer, de l’acier, du cuivre et plus rarement de l’or ou de l’argent.
De l’autre côté les incrustations sont le plus souvent en argent ou en or, en cuivre ou en laiton.

L’un des premiers exemples connus de cette technique est une hache cérémonielle du roi Amosis d’Egypte (Nouvel Empire, XVIIIe dynastie), datant du IIe millénaire av.JC., en cuivre, or et électrum, se trouvant au Musée égyptien du Caire, n°inv JE 4673.

Hache cérémonielle du roi Ahmosis©insecula.com

Hache cérémonielle du roi Ahmosis©insecula.com

Dans les fouilles du site de Touva en Sibérie (dont nous parlons dans l’article « gravure antique »), on trouve également un exemple nous montrant l’utilisation de cette technique dès le VII e s av. J.-C.. Sur des armes en fer de la tombe Arjan 2, on peut voir des incrustations d’or et de fer.

N.K.